Pauvre Ève. Elle a croqué le fruit interdit, a été chassée du Paradis avec Adam et se trouve condamnée à souffrir de douleurs infernales lors de l’accouchement. On ne peut pas dire que Dieu est un Dieu facile et encore moins lorsqu’un être humain cherche à suivre son propre libre arbitre. Mais nous pensons quand même haut et fort qu’Ève a fait le bon choix !
Nous avons tous plus ou moins entendu cette histoire. Pour les moins fervents de la Bible, voici un petit récapitulatif : Adam et Ève ont vécu une vie insouciante et un peu ennuyeuse dans le jardin d’Eden. La seule chose excitante dans tout ce paradis était l’arbre de la connaissance du bien et du mal, dont ils ne devaient en aucun cas manger le fruit. Pourquoi ? Parce qu’ils seraient alors égaux à Dieu lui-même. Et bien sûr, le Créateur trouvait que c’était une mauvaise idée. Mais sans compter sur ce fameux serpent fourbe et hypocrite.
Transpiration et travail
Le serpent a réussi à convaincre Ève de prendre une bouchée de ce fruit défendu, car elle verrait alors « la vérité ». Et c’est ce que voulait Ève, connaitre cette vérité qui attisait sa curiosité. Alors elle cueillit un fruit, en mangea un morceau et le donna à Adam pour qu’il en croque un morceau à son tour. Pour ceux qui connaissent vaguement l’Ancien Testament savent comment Dieu a réagit. Il était évidemment très loin d’être indulgent. Il déclencha sa colère sur ces premiers humains et les expulsa du Paradis.
Maintenant qu’ils connaissaient la vérité, ils étaient condamnés à avoir honte de leur nudité pour toujours, l’homme et la femme seraient ennemis pour toujours et la femme porterait ses enfants dans la douleur. La tranquillité du Paradis était désormais terminé pour eux, l’homme devait désormais gagner son pain à la sueur de son front.
La valeur de la femme
Nous savons tous que cette histoire a plutôt mal tourné pour l’image de la femme. Ève, en tant qu’être humain de second plan, séductrice et coupable de la Chute, s’est ancrée dans la mémoire collective. De la chasse aux sorcières aux scandales #MeToo, les femmes ont été victimes de propos dénigrants sur leur nature et leur valeur depuis des siècles.
La Bible n’est pas la seule cause a blâmer. Car l’oppression des femmes existe malheureusement depuis la nuit des temps et dans toutes les cultures. Mais malgré tout, cela n’a pas vraiment aidé a redorer leur image.
Consciemment ou inconsciemment, vous avez sans doute vécu des situations similaires : vous avez été élevée avec l’obligation et tout ce que cela implique d’être une « bonne fille ». C’est-à-dire en étant toujours polie et amicale et ne pas contrarier les autres. Vous deviez rendre les autres heureux et satisfaits, même si c’était au détriment de votre propre bonheur. De nos jours, certaines femmes cèdent encore à des stéréotypes bien ancrés sur ce que signifie être une femme « une vraie » et sur comment vous devriez vous comporter. Sur ce que vous pouvez faire et ne pas faire, et sur ce qui est permis ou non.
Les stéréotypes
Vous en reconnaîtrez peut-être certains :
- Les femmes sont attentionnées et trouvent leur bonheur à prendre soin des autres.
- Les femmes sont modestes et n’aiment pas être au centre de l’attention.
- Les femmes restent en retrait lors des réunions et n’ont aucunes ambitions.
- Les femmes veulent être appréciées et sont toujours à la recherche de compromis.
- Les femmes ne sont pas des leaders, mais toujours des suiveuses.
- Les femmes n’ont pas besoin de monter les échelons, elles sont satisfaites de là où elles sont.
- Les femmes n’ont pas d’aventures d’un soir.
- Les femmes ne prennent pas d’initiative.
- Les femmes sont émotives, et ne sont pas rationnelles.
- Les femmes ne sont pas agressives et ont un comportement assertif.
- Les femmes sont seules responsables du foyer et de l’éducation des enfants.
Slut-shaming et sexisme
En soi, il y a quelques caractéristiques intéressantes. Après tout, il n’est pas nécessairement négatif d’être attentionnée ou modeste. Et de nombreuses femmes peuvent se reconnaître dans certains stéréotypes et affirmer que c’est exactement le comportement qu’elles devraient avoir. Mais le fait est que de tels stéréotypes enferment les femmes dans une boite, où le moindre écart par rapport à l’image féminine traditionnelle est réprimandé.
Prenons l’exemple du slut-shaming ou des femmes politiques brutalement réduites au silence sur les réseaux sociaux. De cette façon, les stéréotypes deviennent nuisibles et bloquent la voie pour de nombreuses femmes qui veulent aller à contre-courant et sortir des sentiers battus. L’idée reçue vous pousse à ce que vous vous sentiez obligée de vous comporter de manière modeste car sinon, vous ne correspondez pas à une certaine image de la femme.
<blockquote style= »pinkxl »>Lisez ici notre article si vous souhaitez en savoir plus sur les stéréotypes et le sexisme en politique. Et consultez ici notre article sur comment faire face au sexisme sur les réseaux sociaux. </blockquote>
Soyez comme Ève
Retournons à Ève. Elle avait tout compris, même si la lecture traditionnelle soutient qu’elle était faible et pécheresse. Mais Ève était curieuse, elle a choisi de manger un morceau du fruit pour avoir accès à la source de toute connaissance.
Il n’y a rien de honteux à cela ; bien au contraire, c’est quelque chose de très humain. En réalité, c’est ce qui fait de nous des êtres humains. Grâce à Ève, nous ne sommes plus des personnes naïves mais pouvons réfléchir au bien et au mal et faire des choix. Le libre arbitre, en somme.
Créez vos propres règles
Ève a osé abandonner toute la sécurité qu’elle avait dans le jardin d’Eden en choisissant la Vérité avec un grand « V ». Elle a voulu avoir un tout nouveau regard sur ce que cela implique d’être humain. Honnêtement, il faut beaucoup de courage pour y arriver. La morale de cette histoire est la suivante : vous ne devez pas suivre sagement les normes qu’on vous impose. Au contraire, efforcez-vous de penser de manière indépendante. Allez à l’encontre des règles dominantes et osez créer vos propres règles.
Vous voulez découvrir les rapport sexuels à plusieurs ? Foncez ! Ne laissez pas les idées rébarbatives sur la féminité vous arrêter. Vous-voulez continuer à travailler à plein temps après avoir eu vos enfants ? Lancez-vous et n’ayez pas peur des réactions des autres. Vous n’avez pas envie de vous maquiller et vous vous contentez d’un jean large et de simples baskets ? Faites comme bon vous semble ! Pourquoi se maquiller si on n’en a vraiment pas envie !
Marchons sur les pas d’Ève. Qu’on se le dise, on pourrait bien se passer des douleurs de l’accouchement. Mais si c’est le prix à payer pour être un être humain à part entière, elle s’en est quand même bien sortie. Verdict : nous, les femmes, nous savons négocier et notre ancêtre le prouve.