Faire l’amour enceinte, c’est possible. Et non, ce n’est ni risqué, ni bizarre. Au contraire, beaucoup de femmes enceintes (et leurs partenaires) découvrent pendant cette période une nouvelle façon de se connecter, de vibrer, de jouir.
Mais encore faut-il s’autoriser à le vivre. Car entre les injonctions médicales, les idées reçues et les petites peurs du quotidien, il n’est pas toujours évident d’écouter son corps. Dans cet article, on fait le tri entre le fantasme, le réel, et surtout : le plaisir partagé.
Faire l’amour enceinte : les idées reçues
Avant tout, remettons les pendules à l’heure. Voici ce qu’on entend souvent (et qu’on peut oublier) :
- « Faire l’amour peut faire du mal au bébé » : Faux. Bébé est bien protégé dans sa bulle utérine, entouré de liquide amniotique et séparé du vagin par le col de l’utérus.
- « Le sexe déclenche l’accouchement » : Vrai… mais seulement en toute fin de grossesse, si le col est déjà prêt et qu’éjaculation dans le vagin il y a. Sinon, rien à signaler.
- « Le désir baisse forcément » : Pas toujours ! Pour certaines, la grossesse augmente la libido. Pour d’autres, elle la calme. Les deux sont ok.
- « C’est gênant de faire l’amour avec un ventre rond » : Peut-être, au début. Mais avec quelques ajustements, tout devient plus fluide.
Bref : ce n’est ni dangereux, ni honteux, ni interdit. Tant qu’il n’y a pas de contre-indication médicale, tout est possible.
Écouter son corps (et ses émotions)
Certes, la grossesse est un moment de transformation intense. Le corps change, les hormones bouillonnent, les sensations évoluent. Il est donc normal que le rapport au sexe fluctue.
Certaines personnes enceintes ressentent une hypersensibilité érotique, d’autres préfèrent la tendresse ou font une pause. Il n’y a pas de bonne façon de vivre sa sexualité enceinte. Ce qui compte, c’est l’écoute, le respect, et le consentement réaffirmé à chaque étape.
Et bien sûr, ce n’est pas parce que vous en aviez envie hier que vous devez dire oui aujourd’hui. Le désir, ça va et ça vient. Même (et surtout) enceinte.
Les positions à privilégier (et celles à éviter) pour faire l’amour enceinte
Au fil des mois, le corps change, le ventre s’arrondit, et certaines positions deviennent inconfortables. Voici quelques idées pour garder du confort et du plaisir :
Les positions douces et adaptables :
- La cuillère : allongé·es sur le côté, face au même sens. Parfaite pour se lover et contrôler la profondeur.
- La levrette modifiée : sur les genoux, torse relevé, coussins sous le ventre si besoin.
- L’un·e au-dessus : c’est la personne enceinte qui gère le rythme et la profondeur. Idéal au 2e trimestre.
- La position assise ou en bord de lit : bon maintien et sensations contrôlées.
Les positions à éviter :
- À plat dos trop longtemps, surtout après le 4e mois (risque de compression de la veine cave).
- Les positions trop acrobatiques ou avec pression sur le ventre.
- Et enfin toutes celles où vous seriez inconfortable.
L’astuce : coussins, oreillers, imagination et… communication. Adaptez les mouvements à ce qui fait du bien.
Faut-il se protéger ? Oui, parfois
Même enceinte, le préservatif reste utile dans certaines situations :
- Si vous êtes dans une relation non exclusive ou récente.
- Si vous ou votre partenaire êtes porteur·se d’une IST.
- Si vous avez des pertes ou une irritation vaginale : cela peut augmenter la vulnérabilité aux infections.
- En fin de grossesse, car le sperme peut favoriser le déclenchement de l’accouchement.
La grossesse ne vous rend pas immunisé·e contre les IST. On peut donc continuer à se protéger, sans que ce soit une barrière au plaisir. Et bien sûr, le lubrifiant est toujours le bienvenu : les muqueuses peuvent être plus sensibles, et l’hydratation fluctue beaucoup pendant la grossesse.
Ce qui peut évoluer côté plaisir
La grossesse transforme la perception du corps. Les seins deviennent souvent plus sensibles, le clitoris aussi. Le flux sanguin augmente, ce qui peut amplifier les sensations et les orgasmes. Certaines personnes vivent même leurs premiers orgasmes vaginaux ou multiples pendant cette période. D’autres découvrent une nouvelle sensualité, plus lente, plus enveloppante.
À l’inverse, il est aussi fréquent d’avoir moins envie, moins d’énergie, ou une gêne avec l’image de son corps. C’est normal. Ce n’est pas une phase à « surmonter », mais à accueillir.
Notre conseil : masturbez-vous en solo ou avec votre partenaire. Regardez vous dans les yeux, caressez vous mutuellement et partagez ce moment de douceur. Le sexe pendant la grossesse, ce n’est pas qu’une affaire de couple. La masturbation peut aussi être une grande source de bien-être, notamment pour relâcher les tensions, explorer ses sensations, ou simplement se faire du bien.
Les sextoys peuvent être utilisés sans danger, à condition d’être propres, non intrusifs (si le col est fragilisé), et utilisés avec douceur. Privilégiez les stimulations externes si besoin, comme les stimulateur à air pulsé.
Quand faire une pause ?
Dans certains cas, faire l’amour enceinte n’est pas recommandé. Votre professionnel·le de santé pourra vous le préciser. Les principales contre-indications sont :
- Placenta prævia (placenta trop bas).
- Risque d’accouchement prématuré.
- Pertes de sang ou contractions non expliquées.
- Ouverture prématurée du col de l’utérus.
Cela ne veut pas dire « zéro sensualité » : on peut continuer à se toucher, se masser, se câliner. Le désir prend d’autres chemins. Mais parlez en avec votre professionnel de santé et surtout : écoutez vous !
Faire l’amour enceinte, c’est avant tout une question d’envie, de confort et de complicité. Rien n’est obligatoire. Tout peut être réinventé. Envie de continuer à explorer le plaisir avec douceur et créativité ? Découvrez aussi notre article sur la reprise du sexe post-partum.