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Barbie, un modèle ringard ou inspirant ?

7 mars 2022,

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Elle soufflera ce mois-ci ses 63 bougies. Mais elle est pourtant toujours aussi fraîche qu’à ses débuts lorsqu’elle est apparue pour la toute première fois dans les chambres de nombreuses jeunes filles en 1959. De nos jours, elle n’est plus blonde, ou blanche, ou bien d’une minceur irréaliste. Ces dernières années, nous avons vu Barbie évoluer, avec une nouvelle ligne de poupées adoptant une représentation plus large que la poupée classique. Mais que dit Barbie sur cet idéal de beauté en perpétuelle évolution ?

Barbie a joué dans 34 films, a eu sa propre marque de vêtements, a été l’égérie de nombreux magazines et de jeux vidéo et fut la poupée la plus offerte pour les anniversaires et pour sous le sapin de Noël pendant des décennies. Toutes les jeunes filles voulaient avoir sa Barbie et toutes les jeunes filles voulaient être Barbie.

« Toutes les jeunes filles voulaient avoir sa Barbie et toutes les jeunes filles voulaient être Barbie. »

Tout cela alors que Barbie incarnait un idéal de beauté complètement irréaliste. Depuis le début, le producteur Mattel était visé par les critiques pour avoir créé des poupées aux proportions inhumaines, mais il faudra attendre 2016 pour que Barbie change vraiment d’allure. Accablé par la pression des chiffres de vente en baisse et des critiques croissantes à l’égard de cette poupée blanche et ultra-mince, le fabricant finira par changer d’avis.

« Tout cela alors que Barbie incarnait un idéal de beauté complètement irréaliste. »

Il en résultera une collection Fashionista composée de 33 nouvelles poupées avec 30 couleurs et 24 types de cheveux, 14 formes de visage, 7 couleurs de peau et 4 morphologies différentes : allant de la Barbie originale à la Barbie grande, pulpeuse et petite. Un soulagement pour toutes les filles qui ne se reconnaissaient pas dans cette image soi-disant idéale et qui, par dépit n’hésitaient pas à couper ou à teindre avec du rouge à lèvres rouge ou un feutre noir les cheveux de leur Barbie blonde platine.

Barbie

Barbie, un modèle d’émancipation féminine ?

Le fabricant Mattel ne cesse de répéter que Barbie est un modèle d’émancipation féminine. Car dans les années 60, alors que les lieux de travail n’étaient pas encore très fréquentés par les femmes et surtout pas dans des postes élevés étant traditionnellement masculins, il existait déjà des variantes de Barbie en femme d’affaires, en astronaute et en chirurgienne. Barbie a connu une carrière florissante à cette époque où les femmes étaient encore destinées à rester derrière les fourneaux une fois mariées. Car elle pouvait devenir ce qu’elle voulait.

« Barbie a connu une carrière florissante à cette époque où les femmes étaient encore destinées à rester derrière les fourneaux une fois mariées. »

Le corps le plus controversé de la planète

Mais cela ne changea rien au fait que le message sous-jacent était moins rose. En effet, bien que Mattel ait voulu faire de Barbie un modèle féministe, son corps et sa tête unidimensionnels viennent totalement enfouir cet aspect. Barbie a le corps le plus controversé de la planète. Si elle était humaine, elle aurait un IMC de 16, un tour de taille de 46 centimètres et des jambes 50 % plus longues que ses bras. Sa taille de guêpe extrême ne laisse aucune place aux organes vitaux. De plus, à cause de son manque de graisse corporelle, elle n’aurait jamais ses règles.

« Si Barbie était humaine, elle aurait un IMC de 16, un tour de taille de 46 centimètres et des jambes 50 % plus longues que ses bras. »

Une silhouette parfaite en forme de sablier ? Dans la vie réelle, Barbie ne serait même pas capable de faire quelques pas sans tomber. De plus, son long cou serait trop fragile pour soutenir sa tête beaucoup trop grande.

Les jeunes filles et leur image de soi

Mattel a longtemps affirmé que ces proportions irréalistes n’avaient aucune influence sur l’image que les jeunes filles ont d’elles. Mais ces propos ont déjà été démenties par plusieurs études. Par exemple, des recherches ont démontré que les filles qui jouent aux Barbies pendant leur jeune âge se préoccupent plus tard davantage de leur corps que celles qui jouent avec d’autres types de poupées.

Comme si ces mensurations hors normes en plastique ne suffisaient pas, Mattel a aussi régulièrement veillé par le passé à ce que cet idéal de beauté ultra-mince soit fermement gravé dans l’esprit des jeunes filles. Par exemple en 1963, une collection de Barbie soirée pyjama fait son entrée. C’est une poupée accompagnée d’une balance qui affichait 49 kg et un cahier de régime avec pour seul conseil : « Ne mange pas ! »

Les maths, c’est trop dur !

Par ailleurs, Mattel a réussi à véhiculer un stéréotype de la personnalité d’une femme à travers Barbie, même s’ils prétendent être pour l’émancipation féminine. Le slogan des années 80 prônant que « Les filles peuvent tout faire ! » s’est avéré dépourvu de sens avec les propos de la Teen Talk Barbie. Sortie en 1992, cette poupée programmée était dotée d’une boîte vocale qui disaient des phrases telles que : « Les maths, c’est trop difficile », « Planifions le mariage de nos rêves » et « L’école est l’endroit idéal pour parler de mode ».

La Teen Talk Barbie dépeignait la poupée comme une créature légère et vide qui ne pensait qu’à la mode, à s’amuser et à tomber amoureuse. Elle n’avait aucun rêve pour l’avenir, sauf pour son futur mariage avec Ken, bien évidemment.

« Mattel a dû faire face aux critiques de l’American Association of University Women et a retiré du marché cette poupée tant contestée. »

Mattel a dû faire face aux critiques de l’American Association of University Women et a retiré du marché cette poupée tant contestée. Mais le mal était fait, et dans la culture pop moderne, de plus en plus de références négatives ont fait surface contre cette poupée autrefois si convoitée.

L’incident s’est reproduit dans un épisode des Simpsons, dans lequel Lisa protestait contre une poupée Malibu Stacy qui disait joyeusement : « Trop réfléchir donne des rides ! » De plus, la popularité de Barbie a été dépeinte de manière hilarante dans le clip Barbie girl du groupe Aqua.

Barbie

Une nouvelle Barbie

Il était donc temps de trouver de nouveaux modèles de poupées. De même à cause des normes de beauté qui se sont considérablement élargies ces dernières années. Une plus grande attention a été accordée aux différents types de morphologies, ainsi que les corps pulpeux, tels que Beyoncé, Kim Kardashian ou Christina Hendricks, qui désormais ornent fièrement les couvertures des magazines. Mais des féministes comme Lena Dunham en ont également marre de l’idéal corporel unidimensionnel et montrent sans gêne au monde leur ventre, leurs cuisses généreuses et leur cellulite.

« Il est temps pour accueillir une nouvelle Barbie ! »

La tendance saine de la positivité corporelle s’est maintenant répandue. Nous vivons dans un monde où chacun devrait pouvoir s’identifier à un type de morphologie et où il n’y a pas de place pour les stéréotypes dépassés de ce à quoi la femme idéale devrait ressembler. Nous n’idéalisons plus la femme blanche, blonde et mince, mais nous faisons de la place pour des modèles puissants de tous types de corps. Qu’ils soient blancs, noirs, bruns, minces, gros, pulpeux, hétéros, lesbiens ou transgenres. Qu’ils soient en fauteuil roulant ou avec une prothèse. Cette diversité est l’avenir et toutes sortes d’entreprises y répondent avec enthousiasme. Et doivent le faire pour ne pas être mises sur la touche.

Trois nouvelles morphologies

Mattel a fini par comprendre le message. Il y a quelques années, la société a créé trois nouvelles morphologies de Barbie. Les designers des poupées espèrent que ces nouvelles Barbies, avec des corps, des couleurs de peau et des textures de cheveux différents, refléteront mieux le monde dans lequel vivent les jeunes filles. Qu’elles pourront s’y identifier, choisir la poupée qui les ressemble et que la devise « Tu peux devenir qui tu veux » devienne ainsi plus tangible.

« Les designers des poupées espèrent que ces nouvelles Barbies, avec des corps, des couleurs de peau et des textures de cheveux différents, refléteront mieux le monde dans lequel vivent les jeunes filles. »

C’est un grand pas vers l’avant qui, espérons-le, encouragera les jeunes filles qui aiment se perdre dans le monde imaginaire de leurs Barbies à avoir une image d’elles plus saine et équilibrée. Pendant près de six décennies, Mattel transmettait aux filles l’image d’un seul et unique corps parfait et ultra-maigre et que les autres types de corps étaient inférieurs. Vous voulez devenir pilote, médecin ou femme d’affaires ? Alors oui, seulement si vous avez de gros seins, une taille de guêpe, des cheveux brillants et de longues jambes. De plus, les cabriolets, les maisons en bord de mer et les chalets de ski vous seront apportés sur un plateau d’argent. Pendant des années, être mince et belle était synonyme de réussite. Puis il ne fallait penser à rien d’autre qu’à la beauté et la mode.

« Je suis grosse ! »

Mais est-ce que les filles le voient-ils de cette façon ? Dans un article de couverture du Time Magazine, on peut lire comment les jeunes filles réagissent lorsqu’elles sont confrontées à une Barbie. Elles s’imaginent grosses et pensent que leur corps plus rond n’est pas normal et que le corps de Barbie aux mensurations irréalistes est la norme. C’est ce à quoi elles sont habituées, c’est l’image qui est ancrée dans leur cerveau.

Tania Missad, responsable de l’équipe de recherche de Mattel, déclare dans l’article qu’ils sont souvent confrontés à ce genre de situation. Les adultes quittent la pièce et les jeunes filles qui testent les Barbies déshabillent les poupées et rient nerveusement à la vue de leurs formes plus généreuses. Pour Tania Missad, c’est le signe d’une nouvelle étape importante. C’est tout de même inquiétant de constater que même des filles entre six et sept ans sont déjà conditionnés à une certaine silhouette chez une poupée. Si une silhouette est trop différente, elles la rejettent et la ridiculisent.

Barbie en tant que mère active

Il y a encore beaucoup de chemin à faire pour éradiquer l’image stéréotypée du corps dans l’esprit de nos jeunes filles et, avouons-le, cela vaut pour nous aussi. Mattel a donc osé bouleverser sa marque pour promouvoir l’inclusion. C’est un peu tard, mais mieux vaut tard que jamais.

« Tu peux devenir qui tu veux ! »

Et pendant qu’on y est, ne serait-ce pas une bonne idée de rendre Barbie un peu plus conforme aux normes sociales actuelles. Barbie embrasse toutes sortes de carrières, mais est-ce qu’elle sera un jour une mère qui travaille ? Une carrière florissante et un bébé ? Cette combinaison n’est pas encore très populaire. À notre plus grand regret, car Mattel a absolument raison sur un point : « Tu peux devenir qui tu veux ! »

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