Qu’est ce qu’une mère ?
Le terme est défini dans la langue française[1] comme étant une personne qui a mis au monde, élève ou a élevé un ou plusieurs enfants, et qui remplit un rôle social principal dans l’éducation de l’enfant. Une mère serait donc un parent biologique ou adoptif, de genre féminin, d’un enfant.
On ne peut ignorer les conditionnements que la société impose aux mères.
Les rôles sociaux associés à la maternité varient selon l’époque, la culture, la classe sociale… Je ne vous surprendrai pas en écrivant qu’historiquement, le rôle des mères se limite à s’occuper de la progéniture, éventuellement combiné à un rôle d’épouse. Comme s’il ne pouvait pas en être autrement. Déjà parce qu’une naissance hors mariage porte depuis longtemps les stigmates de l’immoralité, une mère étant censée être une femme mariée. Ensuite, parce que cette dernière est supposée consacrer l’essentiel de son énergie à s’occuper de sa maison et de sa famille (un travail à part entière considéré comme “normal” ou “naturel”, peu valorisé et certainement jamais rémunéré).
Une mère est censée consacrer la majeure partie de son énergie à s’occuper de sa maison et de sa famille.
Heureusement le XXème siècle connaît quelques mouvements qui permettent d’élargir un peu le champ d’action des mères, qu’on va pouvoir retrouver en dehors de la maison. Grâce au développement de droits comme le congé maternité, ou l’avancée de l’AMP (assistance médicale à la procréation) avec des pratiques comme la FIV (fécondation in vitro), on permet à des femmes plus éloignées d’une maternité dite “classique” d’y accéder. Parce qu’elles ne sont pas en couple, parce que leur couple ne permet pas de procréer, parce qu’elles sont jugées trop âgées par la société… On rappelle que le terme de “grossesse gériatrique” est médicalement utilisé pour parler des grossesses de femmes de plus de 35 ans… (Voilà peut-être un prochain sujet à aborder dans un autre article).
Le fait qu’une mère puisse aussi être une femme semble parfois tout a fait oublié.
La construction d’une identité mixte et plurielle n’est pas aisée et beaucoup de femmes vivent difficilement cette double identité, d’une part de femme, avec l’aspiration à se réaliser et à s’exprimer de manière publique, et d’autre part de mère, avec les exigences de soin et de présence aux enfants que la société requiert. De cette ambivalence naît de la culpabilité, des comparaisons, des jugements. Et cela demande probablement du temps, du travail, et encore pas mal de mouvements sociaux et sociétaux pour trouver une manière de conjuguer harmonieusement ces deux états d’être.
Et cela demande probablement du temps, du travail, et encore pas mal de mouvements sociaux et sociétaux pour trouver une manière de conjuguer harmonieusement ces deux états d’être.
Les choses se jouent différemment pour l’homme et le père, car l’histoire de l’homme est publique au départ alors que la paternité est plus récente. Si les hommes peuvent être des pères, n’oublions pas que les mères sont aussi des femmes.
Et si nous inventions nos modèles ?
Cette question de l’articulation entre la mère, la femme, la partenaire amoureuse, sexuelle, celle qui aime, jouit, travaille, s’assume… n’est pas nouvelle. Ce qui l’est peut-être, c’est que la place de la femme dans la sphère publique est de plus en plus reconnue. Et ce, même si elle doit encore trop souvent s’en défendre. Les rôles et identités peuvent être multiples et coexister. A chacune de prendre la place de mère qu’elle souhaite. Et grâce au féminisme, aux luttes queer, au militantisme, ce sont d’autres espaces qui s’ouvrent et qui permettent de réfléchir comment être et devenir mère.
Les mères ont et peuvent avoir une sexualité. Du désir, du plaisir, des curiosités, une soif d’expérimenter.
Les mères ont et peuvent avoir une sexualité. Du désir, du plaisir, des curiosités, une soif d’expérimenter. Les mères peuvent avoir un.e ou plusieurs partenaires (à la fois, en même temps, comme bon leur semble !). Ou rien de tout ça, si elles le souhaitent.
Les mères peuvent être en couple, ne plus l’être, ne pas l’être en devenant mères, ou ne jamais l’être. Elles peuvent aussi faire couple autrement. Les femmes célibataires représentent la majorité des demandes de PMA (procréation médicalement assistée) : ce sont 60% d’entre elles. Les couples de femmes représentent environ 20% des demandes et c’est ce même chiffre qu’on retrouve chez les couples hétérosexuels.
Fête des mères
Dans de nombreux pays, les mères sont célébrées lors d’une fête annuelle, la “fête des mères”. Alors à celles qui le sont, celles qui galèrent encore à l’être, à celles qui s’y sont un peu perdues, à celles qui ne peuvent pas l’être, celles qui sont seules, celles qui se sentent seules, celles qui le furent, aux filles mères, aux mères-porteuses, aux belles-mères, aux mères de coeur. Et aussi, à la mère Michel et à la mère Brazier…
Bonne Fête ❤
Pour toutes celleux qui s’intéressent et s’interrogent sur les façons de construire leur vie et leurs modèles librement, avec ou sans enfants, voici quelques recommandations :
- “Bliss Stories”, un podcast où l’on parle de maternité sans filtre et où chaque femme qui témoigne se raconte sans tabou à travers son expérience de mère. Le vécu de chaque invitée devient alors notre savoir collectif.
- “Maternités rebelles”, un livre de Judith Duportail en précommande ici
- “Année zéro”, une bande dessinée d’Anna Roy et Mademoiselle Caroline sur le post-partum et le devenir mère
- “Sortir de l’hétérosexualité” de Juliet Drouar, pour penser une société égalitaire qui produit des personnes plutôt que des hommes et des femmes (et donc des pères ou des mères).