Mais c’est loin d’être un long fleuve tranquille… Un petit point d’étymologie s’impose : saviez-vous que le mot masturbation vient du latin manus qui signifie la main, et stuprare qui signifie polluer…? Se masturber donc, littéralement, cela signifie se polluer avec la main. D’emblée, nous étions en bien mauvaise posture… et tout logiquement, le plaisir solitaire fut largement diabolisé pendant plusieurs siècles.
Mère de tous les dangers
Tout bascula le jour où John Marten, un médecin anglais, publia anonymement au début du 18ème siècle un tract dénonçant la masturbation comme étant la « mère de tous les dangers”, qui ferait perdre tout flux vital aux hommes et aux femmes qui en sont adeptes. Si à l’époque, on jugeait déjà de certaines pratiques immorales en les punissant (la sodomie ou l’adultère par exemple), le plaisir solitaire avait au moins pour lui qu’il était pratiqué dans le secret, à l’abri de tout regard social. Il était donc tout à fait ignoré, comme si cela n’existait pas. Grâce à d’autres médecins et penseurs se ralliant à la cause, la team anti masturbation s’employa à éradiquer ce mal, faisant preuve d’une belle imagination pour y parvenir : de la tape sur les doigts aux interventions chirurgicales sur le clitoris ou l’urètre, en passant par le piège à pénis avec des pointes, tous les moyens étaient admis!
Au fil des années, les croyances autour des méfaits de la masturbation vont bon train et dépassent les frontières (pas d’inquiétude, les français se sont aussi illustrés en ce sens). Si l’on se masturbe, on risque donc de devenir sourd, aveugle, de développer diverses pathologies (tuberculose, hystérie, épilepsie, dépression…), de perdre ses dents, ses cheveux, d’être couvert de pustules… bref, que du bonheur!
Pendant près de trois siècles donc, cette innocente masturbation est le parent pauvre d’une sexualité déjà taboue
Pendant près de trois siècles donc, cette innocente masturbation est le parent pauvre d’une sexualité déjà taboue, et est perçue comme un vice moral qui porte atteinte à la santé globale. Fun fact (s’il en est) tout de même, c’est aussi un des premiers sujets autour des sexualités où l’homme et la femme se retrouvent observés de manière à peu près égalitaire. Les conséquences de la pratique en solitaire sont dangereuses pour la santé, mais elles sont toujours un peu plus graves chez les femmes (quand même).
Pour ces dernières, la masturbation, en plus de les rendre malades et de les mener à une mort douloureuse, est la preuve d’une perversité certaine, les femmes n’ayant, dans bon nombre de croyances, ni désir, ni plaisir. On explique aussi ce rejet du plaisir solitaire par la perte d’énergie vitale et l’épuisement qu’il engendrerait. Rappelons en effet que pendant très longtemps, les rapports sexuels n’étaient réservés qu’à une seule chose : faire de beaux enfants (dans le cadre du mariage bien entendu).
On part de loin n’est-ce pas ? Et quand on pense qu’en 1970, 19% des françaises disaient pratiquer la masturbation et qu’en 2017, elles étaient 74% à le déclarer, on ne peut que se demander d’où vient cette évolution : les femmes se masturbent-elles plus ou en parlent-elles aujourd’hui plus facilement ? Peut-être un peu des deux…?
C’est bon pour la santé
Elle se révèle être bénéfique pour la santé selon de nombreuses études, venant notamment soulager son lot d’angoisses et de pressions, et aider à avoir plus confiance en nous-même. Ce que l’on sait aussi c’est que la masturbation, qui peut se pratiquer seul.e ou à deux, est un excellent booster de forme physique, qui participe aussi à renforcer notre système immunitaire. Atteindre l’orgasme par l’auto-érotisme fournit en effet une bonne dose d’hormones qui contribuent à notre bien-être, comme la dopamine, la sérotonine et l’ocytocine, et participe aussi à rééquilibrer le niveau de cortisol (qui est l’hormone du stress).
Atteindre l’orgasme par l’auto-érotisme fournit en effet une bonne dose d’hormones qui contribuent à notre bien-être
Tout ce processus aide notre système immunitaire à fonctionner : en favorisant un bien-être général psychique plus apaisé et détendu, cela permet aussi au sommeil d’y trouver son compte et de se montrer plus réparateur ; et ce dernier, est un élément clé pour maintenir un système immunitaire efficace. Selon une étude de l’université d’Essen en Allemagne, la masturbation active des composants du système immunitaire, ce qui contribuerait à augmenter le nombre de leucocytes, donc de globules blancs, dans le sang. Et ces leucocytes sont les cellules du système immunitaire qui vont augmenter pour lutter contre une infection ou une réaction inflammatoire.
Aussi bon pour soi que pour ses partenaires
L’acte masturbatoire n’est souvent pas jugé à sa juste valeur, pourtant, il est aussi bénéfique pour soi-même que pour le couple car c’est un excellent moyen pour permettre aux partenaires de mieux se découvrir et s’épanouir ensemble sexuellement. Il arrive encore d’entendre que certain.e.s partenaires prennent plutôt mal le fait d’apprendre que leur conjoint.e pratique la masturbation solitaire. Comme si c’était perçu comme un aveu de frustration, ou comme un acte d’adultère, comme si cela signifiait que l’on ne parvient pas/plus à répondre aux besoins de l’autre et que dans une suite logique, on se dirigerait vers une rupture… Cette crainte est injustifée et il ne faut pas se priver de le répéter. Il n’y a aucune jalousie à avoir par rapport à ça. Plutôt que de voir l’acte comme une menace, il s’agirait de le percevoir comme un vrai plus.
Plutôt que de voir l’acte comme une menace, il s’agirait de le percevoir comme un vrai plus.
C’est en effet une très bonne chose pour le couple que de pratiquer le plaisir solitaire : on peut ainsi apprendre à mieux maîtriser son érection ou son éjaculation par exemple, à mieux comprendre ce qui nous plait/déplait, la manière dont on aime être touché.e… En clair c’est un excellent moyen de mieux se connaître, et il est temps de voir la masturbation comme complémentaire à la sexualité du couple. Elle n’est pas l’équivalent d’un coït, pas plus qu’elle n’est un substitut, c’est une activité autonome qui favorise l’équilibre personnel et donc conjugal. En plus, elle peut se pratiquer aussi bien en solitaire qu’en duo.
La masturbation est une alliée de taille, et ce qu’on soit engagé dans une relation ou pas. ça n’est donc pas une pratique destinée aux célibataires, “faute de mieux”, pas plus qu’elle ne l’est aux personnes en couple qui auraient une sexualité décevante et donc frustrante. La masturbation n’est pas une sous sexualité et c’est un excellent moyen de prendre soin de soi, de s’accorder un moment de plaisir, et d’apprendre à mieux se connaître, alors, pourquoi diable s’en priver ?
1 réponse
Bonjour,
Je suis un homme passif, j’aimerais connaître vos conseils concernant l’hygiène anale lorsque la pénétration s’étend sur plusieurs heures, la dernière fois au bout d’une heure les selles commençaient à apparaître alors que j’avais fait un lavement deux heures précédant le rapport.
Merci d’avance pour vos conseils !